De la création en 1974 à 1994…
La mémé a vu le jour en 1974. Et comme les biographies des gens illustres reprennent souvent les dernières branches de l’arbre généalogique, nous remonterons au lendemain de la libération de 1945.
Au sortir de la guerre, un besoin général de sécurité se fait sentir. En outre, la lutte pour la survie et contre l’occupant avait rapproché les différents groupes sociaux. Ceci permit la véritable naissance de la Sécurité Sociale en Europe et en Belgique en particulier : une protection couvrant une large part de la société, contre les risques sociaux qui sont la maladie, la pension, le chômage, la charge familiale…
Au début des années 60, la loi Leburton voulait rationaliser le système belge. Elle instaura l’INAMI, et devait définir les relations entre l’Etat et les médecins (entre autres en fixant le prix des prestations). Ceci déclencha une violente opposition du corps médical qui partit dans une grève d’une ampleur jamais rencontrée. Les anciens se souviennent des nombreux médecins qui fuirent le pays, pour éviter le réquisitionnement de force…
A la tête de ce mouvement se révéla le docteur Wynen, qui fut un des fondateurs des chambres syndicales, dont il restera président durant près de 30 ans. Ces chambres défendront toujours une médecine libérale et les intérêts particuliers des praticiens.
En 1964, naissait un tout autre mouvement, le GERM (Groupe d’Etude pour une Réforme de la Médecine). Ce groupe, formé de scientifiques, de travailleurs de santé, de membres des mutuelles et du monde politique qui voulait réfléchir dans un souci de santé publique et de progrès social sur l’organisation des soins de santé, et publia régulièrement le résultat de ses analyses.
Quelques années plus tard, mai 68 arrivait de Paris par le train et les transistors et fut suivi par tout un mouvement de contestation de l’ordre établi.
A Liège, au sein de l’AREM (L’Association Royale des Etudiants en Médecine), dont les tâches concernaient traditionnellement le folklore étudiant et la publication des notes de cours, on se lança dans de vastes débats de réflexion sur l’Université, la politique, l’enseignement, la santé… Des divergences apparurent entre les réformistes et les révolutionnaires. Le Comité d’Action Santé fut créé où participaient aussi des médecins et des paramédicaux. On s’y nourrissait des idées du GERM, on prônait déjà la médecine de groupe, une rationalisation des soins Intégrés, la non-hiérarchie, l’autonomie du patient…
De ce milieu très riche sortirent deux médecins, Richard Gobin et Francis Van Der Kaa, ancien président de l’AREM, des infirmières, Georgette Moinnil et Marie-Jo Lejoly, une kiné, Dany Chaudier et deux logopèdes, Nicole Renier et Marianne Delvenne. En février 1974, ils aménageaient une maison appartenant à la tante de Richard, au 208, rue de la Baume, à Seraing. La première maison médicale de la région liégeoise naissait, peu après celles de Tournai et de Norman Béthune, à Molenbeek.
Le 11 mars 1974, Le Moniteur publiait les statuts de l’ASBL. D’entrée de jeu, les pères fondateurs avaient voulu une équipe autogérée (constituée en assemblée Générale) à pouvoir égal pour chaque travailleur. Pour réduire les inégalités de salaire, le statut d’ASBL permettait un prélèvement des honoraires des médecins qui travaillaient à l’acte, pour les répartir dans l’équipe. Plus tard, sera instaurée une égalité de salaire entre tous les travailleurs de l’équipe, qui a persisté jusqu’en 2018.
Les idées fortes de la maison médicale étaient inspirées du GERM :
1. travail en équipe égalitaire et coordonnée
2. engagement auprès des travailleurs et de la population
3. accessibilité pour tous à une médecine de qualité
4. utilisation d’un dossier médical centralisé
5. coordination avec le réseau psycho médico-social
6. privilégier la médecine préventive et l’éducation pour la santé
7. renforcer l’autonomie du patient.
Dès les origines, une association de patients se met sur pied. Au début, la maison médicale s’installa à Seraing sans trop d’hostilité de la part des autres médecins avec qui ils partageaient le rôle de garde de week-end. Quelques médecins même, plus ouverts, les accueillirent avec bienveillance et collaboraient durant les périodes de congé. Une partie des patients du Dr Franck, qui cessa la médecine générale pour travailler au CPAS, fut prise en charge par l’équipe.
Une petite polémique survint avec les bandagistes qui travaillaient dans une demeure rue du Molinay, qu’ils appelaient “maison médicale”. Ceci amena l’équipe à donner un nom à notre maison en novembre 1974 : Bautista Van Schowen, du nom d’un médecin chilien que son engagement social conduisit à la torture et à la mort sous la dictature du général Pinochet, qui venait de renverser le président Salvatore Allende (le 11.09.73)
L’équipe s’élargit. Fin d’année 1974, le Dr Bogdan Chomik arrivait, qui du partir deux ans plus tard, dans des conditions très difficiles, pour des divergences idéologiques.
Il y eut un temps où les gens se bousculaient autant que les idées à la maison médicale. Françoise Schmidt arriva comme kiné, Marie-Claire Chaineux et Jean-Paul Kempeners vinrent renforcer le secteur infirmier, et puis il y eu Danièle Vossen, Annette Remits… En 1977, le docteur Marco Dujardin arrivait avec un curriculum déjà bien chargé de militantisme politique. Son passage allait beaucoup marquer la maison médicale. Un an plus tard, Jacqueline Molinghen, kinésithérapeute, allait apporter un peu de sagesse à l’équipe, malgré sa jeunesse. En 1992, nous la fêtions dignement comme première pensionnée de la maison médicale. Et puis arriva une autre infirmière, Marie-José Leens…
L’engagement social se manifestait aussi en dehors du travail médical. On organisait des conférences au centre culturel Léonard de Vinci. Avec l’association des patients, on mit sur pieds une vaste collecte de médicaments périmés qu’on brûla sur la place Merlot. A la demande de travailleurs, des prélèvements des douches de Cockerill furent effectués pour analyse. Une convocation des patients lors d’une campagne d’éducation à la santé entraîna un blâme de l’Ordre des Médecins. On peut imaginer que ce genre d’actions ne plaisait guère au corps médical traditionnel.
La maison médicale était comme une grande famille. Plusieurs de ses membres avaient vécu en communauté. L’équipe, très fusionnelle, organisait, en plus du travail, de multiples et interminables réunions et débats. Les différences y étaient parfois mal acceptées et les tensions insupportables. Épuisé, Francis Van Der Kaa s’en alla en 1979. Un an plus tard, il aura la force de participer au lancement d’une nouvelle Maison Médicale, Oxygène, sur la même commune. Ce fut un départ parmi d’autres.
En 1979, Marie-Paule Bragard et Corinne Boüüaert venaient renforcer l’équipe. Cette année-là, la loi-programme visait entre autres une rationalisation des soins de santé, avec notamment une réduction des lits d’hôpitaux, un échelonnement des soins… Les médecins repartirent en grève, à laquelle la Maison Médicale refusa de participer. Ses médecins furent rejetés du rôle de garde de Seraing et ils organisèrent donc leur propre service de garde. C’est de cette époque que date le double rôle de garde sur notre commune. Avec d’autres opposants à la grève, se constitua un Comité d’Action des Travailleurs de Santé. L’hostilité de certains médecins vis-à-vis de la Maison Médicale atteignit peut-être son paroxysme en ce temps-là.
Peu après la grève, fut créée la Fédération des Maisons Médicales où notre équipe fut toujours très active. Natacha Carrion, Raffaella Pomella, Monelle Evrard arrivèrent vers ces moments, ainsi que Michel, un futur moine franciscain, infirmier social, qui participa plusieurs mois au travail de l’équipe comme objecteur de conscience. Vanni Della Giustina, le psychologue, arrivait aussi, et puis Pierre Drieslma, Anne Englebert, Pierre Mawet…
Grâce à quelques travailleurs CST (Cadre Spécial Temporaire), Maryse Schrynen, Nerella Arizzi, Maria Di Matteo, Joseph Manta, un secteur administration indépendant apparaît et l’accueil, jusque-là assuré uniquement par des bénévoles commença à se professionnaliser. Plus tard, arriveraient Nicky Soultatos, Roseline Antoine, Suzy Tellini…
En 1980, l’équipe traverse la rue pour s’installer dans le bâtiment actuel, ancien bureau des contributions, que plusieurs patients aideront à remettre en état.
En 1981, la Maison Médicale annonçait aux grévistes de Valfil qu’ils seraient soignés gratuitement.
En 1983, la Maison Médicale définit sa charte politique, qui avait un double objectif :
- Se définir par rapport à l’extérieur ;
- Renforcer la cohésion interne de l’équipe, embourbée dans un certain nombre de tensions.
Mais un problème se posait régulièrement : l’équipe soignante se trouvait prisonnière du système de paiement à l’acte des soins qui notamment privilégiait le curatif par rapport au préventif, le pouvoir médical par rapport aux paramédicaux, et la
médico-dépendance par rapport à l’autonomie du patient. Cela rejoignait les réflexions du GERM qui prônait un autre mode de paiement des soins. De plus, le système de paiement au forfait avait été prévu par la loi Leburton. Marco Dujardin fut sans doute le moteur de ce nouveau projet qu’il négocia au plus haut niveau politique et de l’INAMI, et le premier juillet 1984, la première en Belgique, notre Maison Médicale passait au système de paiement des soins au forfait. On a du mal aujourd’hui à imaginer l’aventure et la perte financière que cela représentait pour l’équipe de l’époque.
Cette année-là, l’Association des Patients disposa de 2 voix à l’Assemblée Générale et la Coopérative des Patients se constitua en a.s.b.l. qui continua de publier un journal trimestriel et à rendre de multiples services aux membres coopérants.
Quelques mois après, on installait un cabinet de dentisterie d’occasion pour Bruno, objecteur de conscience. Plus tard, nous attendrons du matériel neuf, et d’autres dentistes : Jean-Michel Colson, Vincent Duminuco, Franco Albanese et à partir de 1990, Jean Van Houtte.
En 1985, Gisèle vint… Comme bénévole, depuis cette époque, elle organise les fêtes, prépare les dossiers des nouveaux inscrits, arrose les fleurs, apporte des petits gâteaux pour les estomacs de l’équipe, travaille à l’accueil 5 jours sur 6, prend le téléphone pour le médecin de garde au moins une fois par semaine et un week-end sur cinq, observe cette équipe sans chef qui ne fonctionne pas comme ailleurs…
L’équipe avait beaucoup grandi et continuait de mûrir. Les interminables discussions fatiguaient certains. Il devenait difficile que tous discutent de tout. L’Assemblée Générale mit su pied une coordination chargée de préparer les réunions d’équipe. Plus tard apparaîtra un Conseil d’Administration à qui on déléguera petit à petit du pouvoir pour gérer les affaires courantes. Ce Conseil d’Administration de quatre membres (puis de trois) sera élu chaque année.
En 1986, Richard Gobin, dernier membre fondateur toujours présent à la maison médicale quittait, déçu de l’équipe et du forfait qui ne répondait pas à ses espérances et pour d’autres raisons personnelles.
Il y eu régulièrement de nouveaux arrivants, dont la plupart sont toujours présents dans l’équipe qui apparaissait constituée ainsi de plusieurs générations. Les plus jeunes entendront souvent avec émotion ou agacement les ancêtres, “les dinosaures”, évoquer mai 68 et leurs anciens combats. Mais on ne voulait plus trop les éternels débats idéologiques. Pragmatiques, on voulait du concret, de l’efficacité. Ce temps correspond aussi avec l’arrivée de l’outil informatique. On voulut rationaliser le temps de travail, on précisa l’organigramme de l’équipe, on fixait des objectifs, on voulait évaluer. On essayait d’améliorer nos outils de santé publique, notre coordination interne et notre collaboration avec les autres structures du réseau psychosocial. Des groupes de travail se spécialisaient : les groupes informatiques, épidémiologie, tableau de bord, aménagement, gestion du personnel…
Une tendance se dessinait chez certains de préserver un peu plus le temps de vie privée. D’autres souffraient et souffrent toujours de la part de rêve qu’on voulait réduire.
Mais les objectifs demeuraient les mêmes et l’investissement dans le projet restait présent. A partir de 1990, l’équipe s’interrogera sur la santé puis sur les conditions de vie des candidats réfugiés politiques de la commune de Seraing. En 1993, nous organiserons une conférence – information
– Débat sur ce sujet à la salle de la Croix Rouge, rue Chapuis. Nus rencontrerons des responsables du CPAS et resterons des interlocuteurs du Comité de Vigilance.
En 1992, nous créerons avec les autres Maisons Médicales de la région liégeoise, une ASBL pour la prise en charge des hospitalisations à domicile.
En 1993, lors de la mise en route du plan global, nous réagirons avec la Coopérative des Patients contre certaines mesures touchant les soins de santé…
En ce moment, pour les 20 ans de la Maison Médicale, nous rénovons notre façade.
Notre rêve d’une société moins injuste et plus égalitaire reste neuf. Notre conviction est que la santé dépend beaucoup des conditions socio-économiques et écologiques. Notre projet est toujours de défendre un système de soins de santé toujours meilleur, accessible à tous et au meilleur prix pour la communauté.
Au niveau des patients, l’objectif reste de renforcer l’autonomie, ce qui permettra aussi d’utiliser du temps épargné du curatif pour organiser mieux le préventif. Nous voulons aussi être un ferment de solidarité entre les gens.
Au niveau du corps médical, l’objectif est de faire reconnaître la valeur de notre système de soins au niveau médical. Nous nous investissons de plus en plus sans doute dans la recherche. Corinne Boüüaert est membre du Centre Universitaire de Médecine Générale de Liège. La formation de stagiaires de passage chez nous répond aussi à cet objectif.
Au niveau politique, en ces temps où le nombre d’exclus augmente à mesure que la dualisation de la société progresse et que les budgets publics consacrés à la santé se compriment, nous continuerons de défendre la solidarité sociale et notre projet de soins de santé, sans cesse par nous remodelé. Au niveau local, la coordination avec les organismes psycho – médico – sociaux reste une priorité. Au niveau plus central, où Pierre Drielsma particulièrement s’investit, i1 faut avec les autres maisons médicales renforcer nos alliances et convaincre nos dirigeants de l’intérêt de notre projet.
Parce que notre rêve est beau,
Et que notre histoire nous rend plus forts.
André Crismer (Tant qu’on a la santé, Spécial 20 ans, 1 octobre 1994)
L’avenir, l’avenir ne sera pas maudit… (Jean Ferrat)
La Maison Médicale a 20 ans, nous pratiquons le Forfait depuis 10 ans, quelle perspective ? Comme le souligne Henry Mintzberg, les entreprises qui réussissent sont des entreprises qui ont une histoire, et qui ont une continuité stratégique ;il ajoute par ailleurs que cela n’empêche nullement l’adaptabilité : on peut changer sans se renier. De ce point de vue, la Maison Médicale Bautista Van Schowen de Seraing a beaucoup de chance. D’abord le nom qu’elle porte, celui d’un militant progressiste chilien, qui est mort en défendant les valeurs de générosité et de fraternité pour lesquelles il se battait. Ensuite la Ville où elle est implantée, qui a une longue histoire de lutte ouvrière et socialiste. Combien de villes peuvent s’enorgueillir de posséder une rue Michel Servet, Francisco Ferrer, Giordano Bruno, Roger Salengro, rue Jean Calas, Jean Jaures, de la Barre, d’Egmont et de Hormes, Julien Lahaut, tous martyrs de l’arbitraire ou de son bras armé.
Autant de rues encore nous rappellent les grands noms du socialisme belge, les De Paepe, Van Der Velde, Wauters, Merlot. Nous sommes entourés de puissantes racines, il ya peu de chance que nous les oubliions.
Nous avons donc une histoire, qui nous inspire ; mais quels sont nos objectifs ?
Là aussi je pourrais citer le nom d’une rue, « CITE-JARDIN ». Voilà un programme intéressant. Nous savons aussi où nous allons, vers plus de justice, de démocratie, d’égalité, de fraternité et de liberté.
Quand les Maisons Médicales se sont crées (73-74) elles étaient en phase avec une société qui partageait bon gré mal gré une volonté de bien être pour tous. Depuis 1980, la soi-disant crise pèse de tout son poids sur la Wallonie et Seraing en particulier. Mon père a connu le Seraing prospère des années 50-60. La fermeture des charbonnages dans les années 60 et le dégraissage récent dans la sidérurgie, ont transformé le bassin de la Haute-Meuse en une région sinistrée. Et voilà la Maison Médicale qui avait une vocation « ouvriériste », submergée par les exclus du paradis marchand. Le grand risque était de devenir un dispensaire pour nécessiteux, tels qu’ils existaient avant l’essor de la sécurité sociale.
Ce risque était d’autant plus grand que nous étions les initiateurs du système forfaitaire de soins de première ligne en Belgique. Ce système permet une accessibilité financière maximale des patients, conformément au vœu d’André RENARD.
Nous sommes strictement opposés à la dualisation de la société. Et nous avons refusé cette perspective. Si nous soignons plus de déshérités c’est que notre société les produit en plus grand nombre. Nous avons réclamé et obtenu une augmentation des montants forfaitaires qui tiennent compte de ce biais social. Jamais la situation financière d’un patient ne peut justifier des soins de moindre qualité. Nous ne transigerons jamais sur le principe d’équité dans les soins de santé.
Nous avons encore une autre chance, nous ne sommes pas seuls, quarante centres frères existent en Communauté française, dont la moitié en Wallonie. Ces centres sont regroupés au sein d’une Fédération des Maison Médicale. Cette fédération montre une vigoureuse stratégie de croissance et développement. Elle se bat pour multiplier les centres, avec comme objectif que partout en Communauté française, les patients aient le choix entre les deux systèmes de médecine (forfaitaire et à l’acte). Elle se bat de la même façon pour que les centres offrent des services de première ligne diversifiés et de haute qualité. J’ai eu récemment l’honneur de représenter la fédération aux « vingt ans » de la Maison Médicale de TOURNAI. Ce qui nous unit est si fort, que les rares désaccords ne portent pas d’ombre à notre amitié.
Nous avons toujours de la chance, car nos patients sont nos meilleurs soutiens, eux aussi veulent une autre médecine, proche, sans vanité, sans jargon médical. Leurs demandes et insatisfactions sont pour nous l’occasion d’améliorer nos services. Aussi les relations amicales et fraternelles que nous avons tissées au fil du temps, nous aident à sortir des déprimes passagères.
Dans nos discussions avec le cabinet Picqué en 88, on nous a rétorqué un jour que nous avions raison trop tôt. Était-ce un compliment ou un regret? Nous avons de la chance car nous sommes clairvoyants. Nous pouvons projeter notre regard au loin. Nous sommes les dignes héritiers du GERM qui annonçait les difficultés de la sécu avec trente ans d’avance. Et si gouverner c’est prévoir, alors les hommes politiques devraient nous supplier à genoux de collaborer à leur action.
Nous avons de plus en plus de chance, car nos idées commencent à intéresser les pouvoirs publics et parapublics, une Maison Médicale s’ouvre à Arlon sous l’égide de la Mutualité socialiste, la région Wallonne envisage que les CPAS s’impliquent plus avant dans le soutien et la création de nouveaux centres..
Nos perspectives d’avenir sont donc claires, si notre centre a acquis une taille respectable, le plus grand de Wallonie, le deuxième en Belgique, il peut encore s’étoffer quelque peu, nous placerions la borne maximale à hauteur de la plus grande Maison Médicale, plus ou moins 4.500 Patients. Une autre hypothèse envisagée serait un dédoublement de la Maison Médicale en deux unités plus petites.
Le centre doit améliorer son outil, et la priorité nous semble aller à l’informatisation du dossier médical, ce qui permettra de mieux connaître la population que nous soignons et d’ajuster nos priorités aux besoins. Il faudra dans un deuxième temps élargir les possibilités de diagnostic et de traitement mais dans le cadre strict de la première ligne.
Nous l’avons dit et nous le répétons, le monde va exactement dans le sens opposé à notre projet, et pourtant le combat n’en est que plus excitant. Excusez-moi pour l’allégorie guerrière, mais, en 14, lors de la bataille de la Marne, Foch qui se battait dans les marais de St-GOND disait à peu près ceci à son généralissime : « mon aile droite est enfoncée, mon aile gauche faiblit, mon centre recule, j’attaque ».
Pierre DRIELSMA (Tant qu’on a la santé, Spécial 20 ans, 1 octobre 1994)